Le président Faure Gnassingbé a délivré vendredi au parlement son adresse sur l’état de la nation conformément à la Constitution togolaise. Il s’est agi d’un discours d’engagement avec de grandes annonces et des promesses. L’essentiel à retenir.
Deuxième passage du genre depuis son arrivée au pouvoir en 2005, Faure Gnassingbé a pendant le temps qu’a duré son message séduit les députés qui ont à maintes fois applaudi le numéro un togolais.
D’entrée, il a rappelé les circonstances de l’accession du pays à l’indépendance et rendu hommage aux vaillant devanciers et artisans qui -il y a bientôt six décennies- ont « vaillamment répondu à l’appel de la patrie et conduit la jeune nation à réaliser sa première aspiration, à savoir l’accession à la souveraineté internationale ».
Il a de ce fait, invité toutes les couches à œuvrer sans relâche « à faire flotter fièrement le drapeau qui s’élança vers le ciel pour la première fois le 27 avril 1960 ».
Sur le plan politique, il a rendu un hommage au leader de l’UFC-Union des forces du changement, jadis farouche opposant au régime en place et devenu il y a neuf ans un partenaire grâce à un accord. Depuis les dernières législatives, le fils du père de l’indépendance est le nouveau chef de fil de l’opposition et c’est à ce titre qu’il a assisté au message du Chef de l’Etat devant le parlement.
Le dialogue pour la poursuite des actions
Faure Gnassingbé a aussi fait un clin d’œil aux partenaires sociaux du pays qui ont fait prévaloir « le dialogue dans un esprit de responsabilité et de mesure ». « Cette disposition constante à la concertation traduit un degré de maturité et de compréhension propice à la poursuite d’un développement harmonieux de notre pays, en tenant compte de nos réalités et de nos priorités », a-t-il déclaré, encourageant toutes les « parties prenantes à continuer de privilégier -en toutes choses- les cadres de discussion ».
Amélioration des conditions de vie
Le Chef de l’Etat s’est engagé à poursuivre les actions allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des citoyens. En ce sens, a-t-il annoncé avoir instruit, « le gouvernement de prendre en compte -dans le cadre du prochain budget- les préoccupations visant à améliorer le pouvoir d’achat, à travers la revalorisation -dès janvier 2020- de la valeur indiciaire».
Dans la même dynamique, le gouvernement intensifiera les consultations et engagera les études actuarielles nécessaires pour la reprise -toujours dès janvier 2020- de l’allocation de départ à la retraite, d’une façon soutenable et compatible avec la poursuite des efforts d’assainissement des finances publiques.
Faure Gnassingbé a aussi annoncé des dispositions pour la construction de deux locaux qui seront mis à la disposition des associations pour servir de maisons des retraités.
Le Chef de l’Etat a également rappelé faire de la « dimension sociale » une priorité absolue à l’action de son gouvernement. « La République se tiendra aux côtés des plus vulnérables pour leur offrir l’appui nécessaire à leur subsistance, mais surtout pour les conduire -progressivement- à se libérer de l’emprise de la pauvreté et à devenir eux-mêmes des acteurs de développement », a-t-il souligné.
Le gouvernement entend poursuivre le renforcement des mécanismes d’inclusion et la solidarité nationale se portera vers tous les citoyens. « Elle ira à la rencontre des plus fragiles et prendra par la main pour réduire les disparités et pour resserrer les liens entres les togolais », a martelé le numéro un togolais devant les députés.
Même si les aspirations et les attentes sont nombreuses et l’impatience des populations légitime, Faure Gnassingbé avertit qu’elles ne doivent pas entamer la conviction que « nous sommes capables -par le travail, le dévouement et l’abnégation- d’évoluer vers une société de bien-être et de prospérité partagés ».
« Notre marche vers le progrès s’affermira par la préservation de nos acquis et l’ouverture de nouvelles voies, également pavées de réussites graduelles », s’est-il exclamé.
Malgré son engagement, il précise qu’il n’ y aura pas « de miracles soudains ni de prodiges éphémères ».
Message à l’endroit du parlement
Dans son adresse, le Chef de l’Etat a exhorté les députés à être durant leur législature, « un creuset de réflexions et une force de propositions pour contribuer, dans la mesure de leurs attributions, au succès national ».
Le PND et l’invite au secteur privé
Adopté en aout 2018 et lancé en mars 2019, le PND guidera les actions du pays jusqu’à 2022 avec une place importante accordée aux questions sociales. « Nous avons le potentiel pour les réaliser », se rassure le chef de l’Etat, pour qui, il est temps que tout le monde puisse « désormais tirer profit des préalables accomplis, et permettre au pays d’engranger les fruits attendus, pour le bénéfice de tous ».
65% du financement du PND est réservé au secteur privé et le Chef de l’Etat a réitéré son appel à ce dernier pour apporter sa pierre.
Réinventer l’administration publique
Pour l’atteinte des objectifs du PND, le Chef de l’Etat rappelle aux fonctionnaires les valeurs cardinales de l’administration publique et qui en manquent aujourd’hui. En cela, il précise qu’elle- l’administration publique- « doit s’imposer une profonde mutation pour répondre aux exigences de l’heure car d’elle dépend largement la perception de l’acteur public par les opérateurs et les investisseurs privés ».
Il a insisté sur la vocation première du service public qui est d’être « entièrement dédié aux usagers ».
De fait, il recommande, compétence, professionnalisme et diligence aux fonctionnaires. Et les valeurs comme efficacité, efficience, poursuite des objectifs et atteinte des résultats devront être les fondements de cette transformation qui exige une prise de conscience individuelle et collective
« Notre administration devra sans délai se réinventer -dans sa conception et dans son action- pour se consacrer entièrement à cette mission », a-t-il dit, soulignant que c’est uniquement ainsi que la fonction publique pourra apporter sa nécessaire contribution à la réussite du PND et plus généralement au développement du pays.
Lutte contre la corruption et poursuite de l’amélioration du Climat des affaires
« Le gouvernement est déterminé à poursuivre l’amélioration de la gouvernance, notamment en mettant, dans les mois qui viennent, un accent particulier sur la lutte contre la corruption », a déclaré Faure Gnassingbé. Un « projet de loi organique sera soumis à l’Assemblée nationale pour déterminer les conditions de mise en œuvre de la déclaration des biens et avoirs prévue par la constitution », a-t-il promis.
Au plan économique, le Togo réalise des performances appréciables, a reconnu le Chef de l’Etat et le gouvernement va les pérenniser et amplifier pour atteindre la prospérité partagée ».
Relèvement à 25 % du quota des marchés publics aux jeunes entrepreneurs
Mesure effective depuis 2018, elle vient d’être reconduite et le quota relevé de 5% passant de 20 à 25%. Comme bilan de l’exécution, 4000 entrepreneurs, jeunes et femmes en étaient bénéficiaires.
Tout en saluant leur dynamisme et leur engagement et appréciant cette performance et la vitalité de l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes dans le pays, M. Gnassingbé estime que c’est toujours insuffisant. En 2018, sur un marché d’un montant de 12 milliards 638 millions de FCFA, seule la moitié environ des montants considérés ont pu être consommés.
Pour accompagner et encourager les jeunes, des instructions sont données, précise le Chef de l’Etat pour que des dispositions supplémentaires de facilitation et de simplification soient prises ; ainsi que des mécanismes dédiés d’appuis financiers mis en œuvre.
« La part réservée aux jeunes et femmes entrepreneurs dans les attributions de marchés publics sera désormais portée à 25%», a-t-il déclaré.
Réformes constitutionnelles, élections locales, recensement électoral
Faure Gnassingbé a aussi évoqué les questions politiques de l’heure comme les réformes constitutionnelles, les locales….
Il a exhorté la CENI à prendre les dispositions idoines pour inscrire les élections locales dans un chronogramme à mettre en œuvre à brève échéance. « Avec les élections locales à venir, nous franchirons une étape importante pour la participation citoyenne et la représentativité démocratique à la base », a-t-il déclaré. Pour ce faire, il a appelé l’ensemble de la classe politique à un sursaut patriotique en prenant une part active à ces consultations. Ces élections locales devraient se tenir après plus d’une trentaine d’années.
Dans ce cadre, il a été annoncé la mise en place du Conseil Économique et Social. Cette instance apportera un appui important au processus de décentralisation par le suivi des programmes de développement économique de l’État et des collectivités locales.
Sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles, il s’est félicité de la priorité desdites réformes à l’Assemblée nationale. Se faisant, il a exhorté les députés à « s’élever à la hauteur de l’enjeu et du débat » et en « ne considérant que la cause suprême : celle de la nation togolaise dont vous êtes l’émanation et les représentants ».
« En restant à l’écoute du peuple, prenant la juste mesure de notre responsabilité devant l’histoire, vous permettrez à notre pays de dépasser les clivages et les blocages pour baliser la voie de sa glorieuse destinée », a-t-il déclaré.
Contexte sécuritaire
Le Chef de l’Etat a aussi abordé les questions sécuritaires et les menaces terroristes. « Le contexte sécuritaire régional est marqué par une dégradation notable sur fond de regain des attaques terroristes, doublé d’une forte pression du radicalisme et de l’extrémisme au sein des communautés », a déclaré le Chef de l’Etat qui a exprimé « la reconnaissance de la nation aux forces de défense et de sécurité qui se trouvent en première ligne pour épargner à notre pays les affres de cette violence aveugle ».
« Avec maîtrise et professionnalisme, elles ont mené avec succès, au cours des derniers mois, plusieurs opérations de démantèlement de cellules terroristes sur notre territoire », a-t-il souligné.
Malgré la menace grandissante, le Chef de l’Etat comme un père a pris l’engagement de garantir à tous, la sécurité de chacun et la quiétude de tous.
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Libertés individuelles
Gnassingbé a à propos des libertés individuelles et collectives précisé que la protection des citoyens restera une priorité. «Aussi, toutes les dispositions permettant à nos compatriotes de vivre en paix et de vaquer librement à leurs occupations seront-elles prises, affirme-t-il.
Une loi sur la sécurité intérieure est annoncée pour doter l’ensemble des acteurs des instruments adéquats, et de renforcer les capacités opérationnelles dans le cadre de la coopération régionale.
L’endoctrinement constitue un écueil pernicieux qui compromet toute vision de développement et détruit tout projet de société. Voilà pourquoi Faure Gnassingbé a dénoncé les pratiques peu orthodoxes des cultes.
Aussi le gouvernement soumettra-t-il à la représentation nationale des projets visant à légiférer sans tarder sur ces dérives qui émergent avec acuité dans l’environnement togolais. « La liberté de culte reconnue dans notre pays a pour pendant le respect de l’ordre public, de la morale et des droits fondamentaux d’autrui. Les services compétents seront requis d’y veiller », a-t-il ajouté.