Ambassadeur de l’Egypte au Togo depuis février 2019, Docteur Ismail Hussein Hossam veut poursuivre le chantier du renforcement de la coopération dans tous les domaines avec le Togo, dont il a foulé le sol pour la première fois cette année. Diplômé en économie, ce diplomate de carrière nourrit plusieurs ambitions. Renforcer la coopération et explorer d’autres domaines d’actions, apporter l’appui de son pays au processus de développement du Togo via le Plan national de développement (PND, 2018-2022),.., Docteur Ismail Hussein Hossam espère marquer d’une encre indélébile son passage au Togo. Dans une interview accordée à 24heureinfo.com, il revient sur les grands axes des relations de coopération entre Lomé et le Caire, mais aussi les chantiers à venir. « J’ai une mission très diverse. Je dois continuer à développer les axes que mes prédécesseurs ont suivis et en même temps lancer de nouveaux domaines de coopération tels que les relations économiques, parlementaires, culturelles et postales », a-t-il déclaré.
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24heureinfo.com : Bonjour Monsieur l’ambassadeur, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Docteur Ismail Hussein Hossam : Je suis docteur Ismail Hussein Hossam. Au niveau académique, je suis titulaire d’un doctorat en Economie à l’Institut des recherches et des études arabes. Au niveau professionnel, je suis un diplomate de carrière. J’ai rejoint le ministère des Affaires étrangères en 1997. Avant cela, j’ai travaillé dans le secteur bancaire. Mon premier poste hors du Caire était à Doha, au Qatar. Le deuxième était à la mission d’Égypte auprès des Nations Unies à Genève, puis la mission d’Égypte auprès de l’Union Africaine, à Addis Abeba, en Éthiopie. Le quatrième était à la mission d’Égypte auprès de l’Union Européenne et son ambassade à Bruxelles. Entre ces postes, j’ai occupé plusieurs fonctions au ministère égyptien des Affaires étrangères, y inclus au cabinet du ministre d’État des Affaires étrangères, comme directeur de l’Unité de la francophonie. Avant ma dernière nomination, j’étais directeur des Relations économiques multilatérales. Au niveau social, je suis marié et père de deux enfants.
Quels souvenirs avez-vous déjà du Togo ?
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C’est ma première fois de venir au Togo, votre aimable pays. Et c’est un plaisir pour moi, mais j’ai une bonne idée de l’Afrique. Premièrement je suis un Africain, venant de la sous-région de Nord. Pendant ma carrière, j’ai travaillé sur des dossiers directement liés à l’Afrique pour plusieurs années. J’ai déjà mentionné la mission auprès de l’Union Africaine (UA), et en outre le département africain, au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. Ceci m’a donné l’opportunité de visiter certains pays africains notamment le Tchad, le Mali, le Niger, le Ghana, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Sénégal, le Rwanda, le Gabon, le Cameroun et la RDC.
Comment se portent aujourd’hui les relations entre votre pays et le Togo ?
L’Égypte et le Togo jouissent de bonnes relations diplomatiques. Il existe plusieurs axes de coopération entre les deux pays. Au niveau politique, Lomé et le Caire ont des points de vue communssur les grands enjeux de l’heure tels que la sécurité et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme sous toutes ses formes.Ces questions d’intérêt commun étaient bien à l’agenda des trois dernières visites de travail de Son Excellence Faure Gnassingbé en Égypte.
Ce n’est pas tout.Etant des pays en voie de développement, nous avons pu établir une forme de coopération Sud-Sud. Dans ce domaine, l’Égypte apporte son soutien au processus de développement au Togo, notamment dans la mise en œuvre effective du Plan National de Développement (PND, 2018-2022).
En novembre 2017, le Caire a procédé en partenariat avec le gouvernement togolais, à l’implantation d’une ferme agricole Abachang dans la région central du pays. Deux experts égyptiens résident et travaillent sur le site, avec des équipements modernes. Une superficie de 60 hectares a été déjà bonifiée, et prête à être cultivée cette année. Cette aire sera doublée pendant les prochaines phases, et des activités liées à l’élevage et l’halieutique seront ajoutées.
En plus, l’Égypte offre, à travers l’Agence égyptienne de partenariat pour le développement, des stages de formation aux cadres togolais en de différents domaines à savoir la médecine, la santé publique, l’agriculture, la sécurité, la diplomatie et les médias. Ces stages sont complètement financés par l’Etat égyptien et peuvent durer deux semaines à six mois. Depuis 2014, près de 500 Togolais ont déjà bénéficié de ces stages. Cette année, j’espère que le nombre des cadres togolais bénéficiaires va augmenter considérablement.
Et en ce qui concerne les autres domaines de la coopération ?
Dans le domaine de l’éducation, l’Égypte offre aussi 12 bourses d’études universitaires pour des étudiants togolais. De même, il y a 6 émissaires d’Alazhar qui travaillent au Togo pour enseigner la langue arabe et les sciences théologiques.
L’Eglise copte égyptienne a aussi une importante présence au Togo. Les travaux de construction d’une église sont en cours. Dans les prochaines phases, un centre médical sera rattaché à l’église qui organise des caravanes et des missions médicales de temps en temps à travers le pays et des sessions pour aider les familles vulnérables à augmenter leur capacité pour générer des revenus.
Depuis quelques semaines, les postes égyptienne et togolaise ont signé un accord de coopération et j’espère que prochainement nous pourrons renforcer la coopération dans ce domaine.
Parlant de la coopération économique, à combien peut-on estimer le volume de commerce entre les deux pays ?
Nous devons admettre que les relations économiques entre nos deux pays n’ont pas atteint les niveaux souhaités. Malgré l’augmentation du volume de commerce de 7.3 millions $ en 2015, à 21.7 millions $ en 2016 et à 61.7 millions $ en 2017. Ce montant reste très modeste en le comparant avec les capacités des marchés dans les deux pays. La faiblesse des relations commerciales est un problème au niveau de tout le continent africain. J’espère que l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange continental contribuera à remédier à cette situation.
Justement, quelles sont les priorités et les chantiers de l’ambassade dans les mois à venir ?
La stimulation des relations économiques est parmi mes priorités à Lomé. Pour moi, ce dossier ne s’arrête pas au commerce. Nous devons travailler ensemble pour encourager la création des partenariats entre les secteurs privés pour donner un coup de pousse aux investissements conjoints.
De notre part et pour démontrer notre grand intérêt à ce dossier, l’ambassade a reçu en mai une délégation du ministère du commerce et de l’industrie égyptienne et de l’association des exportateurs égyptiens pour explorer la faisabilité d’organiser une large mission économique des hommes d’affaires de l’Égypte sur le Togo au deuxième semestre de l’année en cours. La délégation a effectué des rencontres avec plusieurs acteurs gouvernementaux et privés. Et j’espère que les communautés des hommes d’affaires en Égypte et au Togo réagiront positivement envers cette initiative.
Quels sont vos objectifs pour les prochaines années ?
D’abord la coopération Parlementaire. J’ai délivré un message à la Présidente de l’Assemblée Nationale de la part de son homologue Egyptien et j’ai rencontré la présidente de la Commission des relations extérieures et de la Coopération. Nous avons discuté de plusieurs sujets pour relancer la coopération parlementaire. Je suis optimiste que nous serons capables de réaliser un saut dans un court délai.
En traitant ces dossiers, nous ne devons pas oublier la culture. J’ai découvert que malgré les liens historiques entre nos deux peuples, les liens culturels nécessitent d’être renforcés. Pour ceci, je cherche à travailler avec des agences d’information togolaises, comme la vôtre, pour augmenter la dose d’information à propos de l’Égypte dans les médias nationaux. Je vous informe aussi que nous attendons la participation d’une équipeégyptienne d’artistes pendant les fêtes de Noël 2019.
Comme vous avez remarqué, j’ai une mission très diverse. Je dois continuer à développer les axes que mes prédécesseurs ont suivis et en même temps lancer de nouveaux domaines de coopération tels que les relations économiques, parlementaires, culturelles et postales.
Que dire de la communauté égyptienne au Togo ?
La communauté égyptienne au Togo est composée d’une quarantaine de personnes. Je les considère tous comme des ambassadeurs d’Égypte, chacun dans son champ de travail et franchement je suis fier de leur contribution.
Je les invite ainsi que vos lecteurs et tous les Togolais à suivre la page de l’ambassade sur Facebook. Nous publions régulièrement des nouvelles et des communiqués de presse à propos des activités de l’ambassade ainsi que des nouvelles portant sur la politique extérieure de l’Égypte.
24heureinfo : Merci excellence !
Docteur Ismail Hussein Hossam : C’est plutôt moi qui vous remercie de l’opportunité que vous m’avez offerte de parler des relations et de la coopération entre le Togo et l’Egypte