Afrique

États-Unis-Afrique du Sud : tensions inédites au cœur de la Maison Blanche

Une atmosphère tendue a marqué une réunion au Bureau ovale de la Maison Blanche entre le président américain Donald Trump et son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, accompagnés de leurs conseillers et ministres, dont Elon Musk, natif d’Afrique du Sud et proche allié de Trump.

Alors que la rencontre débutait dans une ambiance relativement détendue, Donald Trump a demandé à éteindre la lumière pour diffuser plusieurs vidéos à fort impact émotionnel. Sur l’une d’elles, Julius Malema, leader du parti d’opposition de gauche radicale Economic Freedom Fighters (EFF), entonne le chant controversé « Kill the Boer », un hymne hérité de la lutte anti-apartheid, dénoncé comme incitant à la haine raciale par plusieurs acteurs politiques sud-africains.

Les Boers, descendants des premiers colons européens et principaux propriétaires terriens, sont au cœur d’un débat sur les violences rurales et la réforme agraire en Afrique du Sud.

Une autre vidéo montrait des familles d’agriculteurs blancs fuir leurs terres, évoquant des scènes de violences, un thème repris avec force par Donald Trump, qui a dénoncé un prétendu « génocide » contre cette minorité.

Washington a récemment accueilli 49 Afrikaners reconnus comme « réfugiés », une décision qui a envenimé les relations avec Pretoria. Trump a affirmé que ces agriculteurs blancs sont persécutés, accusations rejetées catégoriquement par Cyril Ramaphosa.

« Personne ne peut prendre de terres », a-t-il martelé, tentant plusieurs fois de calmer le jeu et de dialoguer calmement, sans succès. « Nelson Mandela nous a appris que face à un problème, il faut s’asseoir autour d’une table et discuter », a rappelé Ramaphosa.

Présent dans la salle, Elon Musk s’est fait l’écho des accusations américaines, dénonçant ce qu’il qualifie de « lois racistes » contre la minorité blanche dans son pays natal. Cette position s’inscrit dans un contexte où l’administration Trump durcit sa politique migratoire, tout en offrant un refuge à ces Afrikaners, ce qui contraste avec sa posture générale.

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Les Afrikaners, minorité blanche représentant 7,3 % de la population sud-africaine, détiennent une majorité des terres agricoles, héritage du régime d’apartheid, système de ségrégation raciale aboli au début des années 1990.

Cette controverse s’inscrit dans un contexte géopolitique et économique plus large : l’Afrique du Sud tente de préserver ses relations commerciales avec les États-Unis, son deuxième partenaire après la Chine. Pretoria espère « remettre à zéro » ces relations marquées par des tensions, notamment à cause d’une plainte sud-africaine contre Israël pour génocide devant la Cour internationale de justice, qui a provoqué la colère de Washington.

Cyril Ramaphosa était accompagné de figures symboliques de la communauté afrikaner, telles que les champions de golf Ernie Els et Retief Goosen, ainsi que l’homme d’affaires Johann Rupert, soulignant la complexité des liens socio-économiques au cœur des débats.

Lire aussi-Afrique du sud et Rwanda : Paul Kagame remonté contre Cyril Ramaphosa

Cette rencontre a révélé au grand jour une fracture profonde entre deux visions du passé et de l’avenir de l’Afrique du Sud, amplifiée par la rhétorique enflammée de Donald Trump et ses alliés. Alors que le continent africain attend le premier sommet du G20 sur son sol en novembre à Johannesburg, ces tensions risquent de peser lourd sur les relations diplomatiques et commerciales.

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