Le journal Liberté a été condamné mercredi 5 octobre 2022 par la justice à une amende de 12 millions de F Cfa et une suspension de trois mois à la suite d’un article portant sur l’implication d’un convoi du premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé dans la mort d’un jeune sur la route de Tabligbo. Un verdict jugé trop « sévère » par la plateforme togolaise des journalistes d’enquête, Togo Reporting Post.
Tout est parti selon les informations d’un article publié dans sa parution N° 3702 du mercredi 21 septembre 2022, titré : « Primature : un homme abattu lors du passage du convoi de Victoire Tomégah-Dogbé ». Le lendemain, le quotidien a écrit un rectificatif qui dédouane cette fois-ci l’autorité. Mais, une action en justice a été intentée contre la presse pour diffusion « d’informations contraires à la réalité », « atteinte à l’honneur » et « offense à la personne du Premier ministre Victoire Tomégah Dogbé ». Lors du procès, les juges du Tribunal de première instance de première classe de Lomé ont condamné le quotidien à une amende de 12 millions de F Cfa et une suspension de trois mois.
Preuve d’honnêteté intellectuelle
« TOGO REPORTING POST s’inquiète de cette lourde sanction qui fait entorse à la liberté de la presse au Togo et porte atteinte au droit du citoyen à l’information. Le journalisme togolais ne souffre pas seulement du manque de moyens et de ressources, il pâtit aussi et surtout, dans un environnement à orientation monolithique avérée, du rouleau compresseur des pouvoirs publics et autorités politiques, tendant à réduire à l’exercice de l’activité journalistique et à la disparition de la presse critique », indiqué Pierre-Claver KUVO, Coordinateur TOGO REPORTING POST.
Pour cette organisation de presse, la sanction financière à laquelle s’ajoute la suspension de parution pour trois (03) mois, ne sont pas de nature à favoriser l’existence et la survie du journal.
« Se dédire, produire un démenti après publication d’un article, constitue une preuve d’honnêteté intellectuelle et professionnelle, mais c’est aussi un exercice humiliant pour le journaliste et le journal qui perdent en crédibilité par ce manquement à la déontologie journalistique. La condamnation par la Justice paraît donc comme un acharnement superfétatoire », poursuit le communiqué, qui invite les dirigeants togolais à un dépassement de soi et à avoir de la vision pour accompagner la presse.
« La disparition d’un quotidien critique comme LIBERTÉ va davantage ternir l’image sclérosée d’un marché médiatique pauvre, qui peine à sortir de l’ornière. Étant donné les circonstances atténuantes, TOGO REPORTING POST en appelle à la conscience et à la sagacité des plaignants pour revoir leur copie », conclut la note.
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