Agbéyomé Kodjo s’est éteint dans la nuit du 3 au 4 mars à Accra au Ghana sans pour autant voir sa victoire tant réclamée de la présidentielle de 2020 devenir une réalité. Mort d’un court malaise dans un dénuement total, il n’aura droit à aucun honneur entant que ancien premier ministre ou ancien président de l’Assemblée nationale après la levée de son immunité parlementaire en 2020.
Président du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD-ex-OBUTS), Agbéyomé Kodjo a longtemps été un collaborateur de feu Gnassingbé Eyadéma avant de changer de camp pour l’avoir défié en 2002 dans une tribune titrée « il est temps d’espérer ».
Il a d’abord occupé les portefeuilles de la Jeunesse, des Sports et de la Culture (1988-1991), puis de l’Intérieur et de la Sécurité (1992-1993), avant de devenir directeur du Port autonome de Lomé. Six ans plus tard, il est élu député du Rassemblement pour le peuple togolais (RPT, parti présidentiel) puis président de l’Assemblée nationale à la toute fin des années 1990 avant d’être nommé à la tête du gouvernement un an plus tard.
Opposant malgré lui
Membre d’une opposition qui ne l’a pas non plus accepté en raison de son passé avec le pouvoir, le natif de Tokpli (Préfecture de Yoto) dans le Sud-Est du Togo, a réalisé un exploit à la présidentielle de 2020 en arrivant deuxième avec 19,46% des voix derrière Faure Essozimna Gnassingbé, donné vainqueur par la Cour Constitutionnelle à 70,76% des suffrages contre 0,9% lors de sa première tentative de 2010.
Il crie à la fraude puis s’autoproclame président élu. Kodjo est alors accusé « d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État », de « diffusion de fausses informations » et de « troubles aggravés à l’ordre public », et des poursuites judiciaires sont engagées contre lui. Il prend pour la seconde fois, le chemin de l’exil.
Dans cette quête de réclamation de sa victoire depuis quatre ans Kodjo a été seul face à son destin et n’a pas réussi à rallier les autres partis de l’opposition. Son départ en exil dès juillet 2020 de la scène politique l’a beaucoup affaibli tant politiquement que physiquement. Et, c’est dans ce silence et vide, qu’il a rendu l’âme à Accra au Ghana.
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