
Le gouvernement togolais représenté par au moins dix ministres a expliqué aux députés mardi 21 février 2023 à Lomé, les insuffisances et irrégularités relevées par la Cour des comptes dans la gestion du fonds de riposte contre la Covid-19 en 2020. Après avoir mis en cause la « méthode » de la Cour ou encore pointé une absence de contradiction directe alors que la cour en a fait des demandes via des courriers, l’exécutif précise que le rapport « n’a jamais dit qu’il y a eu des faits de détournement ».
C’est une séance de communication qui a duré trois heures d’horloge. Démarrée par des formalités protocolaires de l’Assemblée nationale, la session extraordinaire ouverte à quelques jours du début de la session ordinaire a été entièrement consacrée au rapport d’audit publié début février par la Cour des comptes. Après la lecture de la communication gouvernementale par le ministre Payadowa Boukpessi, ses collègues des finances, Sani Yaya, du commerce, Kodzo Adédzé, de l’économie numérique, Cina Lawson et de la santé Moustafa Mijiyawa, entre autres, sont revenus en ce qui les concerne sur les « irrégularités » relevées par la Cour dans la gestion des fonds.
Sur l’affaire du riz, le ministre du commerce, Adédzé a indiqué l’avoir « effectivement commandé »pour constituer un stock pour le pays. Après l’achat sur mode d’urgence suivant le droit anglais par Olam, des grossistes ont ensuite acquis selon leurs moyens et les coûts de vente ont été reversés sur un compte ouvert dans les livres de l’Union togolaise des banques.
Sur le reliquat de Novissi que la Cour estime à plus de 700 millions de F Cfa, le ministre Cina Lawson qui s’est tardée sur des explications de mots comme « traçabilité, biométrique….etc, » a d’entrée déclaré qu’il en reste pas, avant de se dédire que « s’il y en reste, ce sera sur le compte électronique de l’Etat », puis d’évoquer plus tard, une somme de 200 millions de F Cfa.
Intervenant à l’occasion, le ministre de la sécurité et de la protection civile, général Yark Damehane a déploré l’absence de contradiction avec la Cour sur les insuffisances relevées avant de préciser « que le logo n’était que de 150 000 F Cfa » et c’est avec « d’autres achats qui ont porté la facture à 15 millions de F Cfa ».
Le ministre de la santé Professeur Moustafa Mijiyawa s’est de son côté contenté de rappeler que les équipements achetés pendant la covid, vont renforcer le système de santé, après avoir rappelé quelques extraits philosophiques. Il en est de même pour le ministre de l’agriculture qui a été pour sa part très bref dans son intervention confirmant aussi avoir payé les engrais.
Face aux explications des ministres, les interventions des députés se sont résumées à des félicitations de la gestion faite par le gouvernement du fonds, et d’autres sont allés loin jusqu’à mettre en cause la responsabilité de la presse « qui fait du sensationnel ».
« Quand on lit le rapport de A à Z, il n’a jamais été dit qu’il y a eu des faits de détournement, il (le rapport) n’a utilisé des mots prévarication, vol (…) Je voudrais saisir l’occasion pour interpeller les uns et les autres, que la passion soit modérée, et que nous choisissons bien nos mots quand nous nous exprimons sur quelque chose qui est extrêmement technique. Aidez-nous à sensibiliser nos compatriotes pour qu’ils n’outrepassent pas la pensée de la cour et les recommandations de la Cour », a déclaré le ministre porte-parole du gouvernement, Christian Trimua. Ce qui clôt le débat sur le rapport qui a tant coulé d’encres depuis sa publication au risque de ne pas être poursuivi pour « diffamation ».
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