![Le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a dénoncé la détention de l’opposante béninoise Rékya Madougou](https://24heureinfo.com/wp-content/uploads/2018/06/Reckya-0000.jpg)
Au Bénin, l’opposante Reckya Madougou lance un cri de cœur à l’endroit de la communauté nationale et internationale sur ses conditions carcérales.
Dans une lettre, l’ancienne ministre de la justice de Boni Yayi et candidate recalée à l’élection présidentielle de 2021 a attiré l’attention de la communauté nationales et internationale sur le calvaire qu’elle subit à la prison civile de Missérété où elle est incarcérée depuis désormais plusieurs années.
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Dans sa lettre ouverte, la détenue de Missérété déclare que ses droits fondamentaux en tant que prisonnière, tels que les appels téléphoniques, les examens médicaux et le droit à l’information, lui sont systématiquement refusés. Profondément affectée par sa situation carcérale, elle exprime son profond mécontentement dans une lettre intitulée « Le cri de cœur d’une détenue politique aux droits bafoués jusque dans les geôles ».
Le cri de coeur de Reckya Madougou
« Dans quel état de droit un prisonnier est interdit de téléphoner même à ses enfants et à son médecin traitant quand il est souffrant, et sans tenir compte de la loi ? C’est ce que je suis la seule à endurer à la prison de Missérété. Je porte ma croix et je vous survivrai, grâce à Dieu quoi que vous m’infligiez comme supplice et humiliations. Le calvaire que je subis jour après jour est sans nom, au mépris de la demande de ma libération par le Groupe de Travail de l’ONU qui a déclaré ma détention triplement arbitraire. La véritable « sorcellerie », c’est de détenir aux forceps les opposants, les priver de leurs droits fondamentaux et tout tenter pour les museler afin qu’ils soient oubliés et abandonnés. Peine perdue. Vous entendrez parler de nous. Nonobstant l’ostracisme dont je suis pour ma part victime. Aucune injustice n’est destinée à être dissimulée longtemps sous le boisseau », a écrit Reckya Madougou dans sa lettre.
Elle poursuit : « J’ai ouï dire de mes proches toutes les contre-vérités alléguées par les autorités qui se contredisent sur la gestion suppliante et discriminatoire de ma vie carcérale. Et ce, depuis trois ans. Mon silence à un moment donné ne valait guère consentement mais une option personnelle en lien avec le parcours spirituel que je me suis imposé. Toutefois, il est des moments où l’abus de l’oppression nécessite protestation par instinct de survie », lit-on dans la lettre ouverte.
« La déclaration universelle des droits de l’homme, les règles Nelson Mandela, la convention des Nations Unies contre la torture, la convention des Nations Unies sur la discrimination à l’égard des femmes sont autant d’instruments juridiques internationaux consacrant pourtant le droit des détenus mais dont, Monsieur le DG de l’APB, vous avez délibérément choisi de me priver de la jouissance, en vue de préserver votre poste. Au demeurant, je ne vous quémande pas de faveur, je ne vous invite qu’à exercer vos fonctions dans le respect des dispositions de l’article 35 de notre Constitution. En effet, Monsieur le DG, vous violez abusivement, et de manière discriminante, depuis trois ans, mes droits élémentaires, y compris celui de téléphoner à mes enfants. Tandis que tous les détenus, même ceux ayant du sang sur les mains en jouissent au quotidien. Figurez-vous que sous le régime sordide de l’apartheid, le plus célèbre prisonnier de l’histoire contemporaine, Mandela, pouvait toutefois user des cabines téléphoniques de la prison forteresse de Robben Island », souligne Reckya Madougou.
Elle souligne dans sa lettre qu’un appel à son fils le jour de son examen lui a été même refusé: « J’ai encore en mémoire cette veille de l’examen du brevet des collèges courant Juin 2023. Bien qu’étant dans mes droits, j’ai supplié vos collaborateurs de me permettre de passer un appel à mon fils pour lui dire à quel point je l’aime et lui conseiller d’être mentalement fort pour aborder ce tournant de ses études, comme tout parent le prodigue à sa progéniture à l’approche des examens scolaires. J’ai suggéré à mes geôliers d’être présents pendant l’appel pour suivre la conversation s’ils le désiraient. Peinés, vos gens m’ont rassurée que j’aurais cette fois-là gain de cause, alléguant même que vous êtes présents dans la maison d’arrêt et que le ministre de la justice Détchénou aussi en est informé et nous fera rapidement un retour prétendument favorable. Ô que nenni ! Ce n’était que du bluff. J’ai eu tort de croire en un quelconque humanisme chez vous me concernant. Mais j’ai de nouveau laissé couler. Je n’aurais pas dû, car toute brimade non dénoncée fait le lit à des excès plus dramatiques ».
Avec BW TV