
La fermeture de la frontière entre le Nigéria et le Bénin n’épargne pas le Togo. L’économie du pays, qui connait une reprise- après la crise socio-politique de 2017-2018 selon le Fonds monétaire internationale (FMI)- subit de plein fouet les impacts directs et indirects de cette décision Nigériane. Pour Docteur Kwami Ossadzifo Wonyra, économiste, expert en politique commerciale et droit de l’OMC, Enseignant-Chercheur à l’Université de Kara, cette situation doit amener le Togo à prendre des décisions courageuses concernant sa politique économique : diversifier les partenaires commerciaux, s’assurer de la compétitivité de l’industrie de la cimenterie togolaise et enfin limiter les importations illicites du carburant frelaté.
24heureinfo : plus d’un mois que le Nigéria a fermé sa frontière avec le Bénin, quels sont les secteurs qui seront touchés au Togo?
Docteur Kwami Ossadzifo Wonyra : Toute l’économie togolaise devrait être touchée dans ce sens que, la première des choses notamment à Lomé et dans les villes proches, on a assisté à une flambée des prix du carburant illicite importé du Nigéria. On a assisté à une inflation qui a doublé le prix du carburant et ceci, a eu des conséquences sur les coûts des transports et d’autres activités. C’est un effet négatif.
Deuxième chose en termes de commerce de produits entre le Nigéria et le Togo, disons que le Togo importe beaucoup de marchandises du Nigéria, exemple du Ciment Dangote qui concurrence les ciments togolais, on voit que cette fermeture des frontière va impacter le secteur de la construction.
Le Togo aussi exporte certains nombres de bien notamment agricoles vers le Nigéria et donc, la fermeture des frontières devrait ralentir les exportations et créer un effet dépressif sur le secteur au Togo. C’est le cas de la tomate que le Togo exporte beaucoup vers le Nigéria. Tout au long du littoral tous ces producteurs verront leur chiffre d’affaire baisser et cela va créer une surproduction sans précédent et par ailleurs, lorsque les frontières sont fermées, les produits déjà engagés en exportation vont périr et c’est un manque à gagner pour les producteurs togolais dans ce secteur.
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Quelles solutions alternatives pour le gouvernement Togolais?
A court terme, les solutions sont très limitées. Mais ce qu’il faudra observer pour l’importation du carburant illicite, c’est qu’il va falloir que le Togo fasse tout pour limiter ou éviter toutes importations et faire en sorte que les stations d’essence légalement constituées puissent satisfaire la demande nationale en carburant. La deuxième chose pour le secteur agricole sera la diversification des partenaires commerciaux.
Il faut noter que cette décision Nigériane ne va pas traîner dans le temps. La décision en fait est liée à ce qu’on appelle les règles d’origine. Si les produits sont d’origine Cédéao, ou bien d’origine Africaine avec la zone de libre-échange continentale, je ne vois pas le Nigéria en train de bloquer ces exportations. L’histoire c’est que les pays importent des biens des pays étrangers, hors de la zone, eux ils dédouanent chez eux (c’est-à-dire qu’on prélève les droits de douane) et le font passer en terme de réexportation vers le Nigéria sans droit de douane et pour le pays, c’est des pertes de gain en termes de devise. Je pense que dans les prochains jours les frontières vont s’ouvrir et on assistera à une reprise du commerce entre le Nigéria et les Etats de la Cédéao et africains.