Suspension de RFI et France 24 : la CGT accuse le pouvoir de museler la presse internationale

La décision de la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) de suspendre Radio France Internationale (RFI) et France 24 continue de susciter de vives réactions. Dans un communiqué publié le 18 juin 2025, la Confédération générale du travail (CGT) condamne fermement cette mesure qu’elle considère comme une atteinte grave à la liberté de la presse au Togo.
Le 16 juin dernier, la HAAC annonçait la suspension pour trois mois de la diffusion de RFI et France 24 sur toute l’étendue du territoire national. Le régulateur reproche aux deux médias français « la diffusion de contre-vérités » et « des manquements graves » à l’éthique journalistique. Une décision prise, selon la HAAC, « dans l’intérêt de la paix sociale et de la cohésion nationale ».
Mais pour la CGT, cette justification masque une volonté politique de restreindre l’accès à une information libre et plurielle. « La suspension de RFI et France 24 s’inscrit dans une stratégie autoritaire claire : museler toute voix dissidente, verrouiller l’information et imposer une propagande d’État », dénonce l’organisation syndicale française.
Ce coup de force intervient dans un climat national déjà tendu, marqué notamment par l’arrestation controversée du rappeur Aamron, connu pour ses prises de position critiques à l’égard du pouvoir togolais. Pour la CGT, il s’agit là d’un nouvel exemple d’intimidation à l’encontre des voix indépendantes.
L’organisation syndicale appelle la direction de France Médias Monde, maison mère de RFI et France 24, à ne pas céder aux pressions. Elle exhorte également les professionnels des médias à manifester leur solidarité avec les journalistes visés par cette suspension. « Les journalistes de RFI et France 24 sont pris pour cible aujourd’hui. Demain, ce seront tous les médias internationaux et les journalistes indépendants qui seront concernés », alerte la CGT.
La Confédération déplore par ailleurs l’absence persistante d’accréditation pour les journalistes internationaux souhaitant exercer au Togo. Une situation qu’elle qualifie de « verrouillage systématique de l’espace médiatique ».
« Nous exigeons que les journalistes puissent continuer à informer librement, sans menaces ni représailles », conclut la CGT, appelant à une mobilisation large pour défendre la liberté de la presse, au Togo comme ailleurs.
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