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Tchad: Succès Masra, l’ex-Premier ministre est placé en détention provisoire

Le 16 mai 2025, Succès Masra, chef du parti d’opposition Les Transformateurs, a été arrêté par les autorités tchadiennes. Il est soupçonné par la justice d’incitation à la haine, à la révolte, constitution et complicité de bandes armées, complicité d’assassinat, incendie volontaire, et profanation de sépultures.

Cette arrestation intervient quelques jours après un massacre tragique survenu le 14 mai dans la localité de Mandakao, située dans la région du Logone-Occidental (sud-ouest du Tchad). Selon la justice, 42 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, ont été tuées lors de ces violences.

Les autorités suspectent que M. Masra aurait incité à cet événement meurtrier, accusation qu’il rejette fermement.

Les avocats de Succès Masra, Mes Oumdade Yagoua et Ngolé Mannro, indiquent que leur client a été déféré au parquet puis présenté à un juge d’instruction, qui a ordonné son placement en détention provisoire.

Dès son arrestation, le parti Les Transformateurs avait dénoncé un enlèvement, diffusant une vidéo de surveillance montrant Masra quittant son domicile entouré d’hommes en uniforme et armés.

Le parti prévoit une conférence de presse pour répondre aux dernières évolutions judiciaires.

La justice s’appuie notamment sur un message audio datant de mai 2023, où Masra inviterait à l’usage des armes, exhortant « filles, garçons, femmes et hommes » à devenir des « boucliers protecteurs ». Ce message est contesté par ses partisans, qui dénoncent un montage grossier et un mensonge d’État visant à neutraliser un leader populaire.

LAISSER UN AVIS

Succès Masra avait bénéficié en février 2024 d’une amnistie générale prévue dans l’accord de réconciliation de Kinshasa, lui permettant de revenir d’exil après une violente répression de ses partisans en octobre 2022.

Originaire du sud du Tchad, ethniquement ngambaye, il bénéficie d’un large soutien auprès des populations majoritairement chrétiennes et animistes de cette région, souvent perçues comme marginalisées par le régime de N’Djamena, à majorité musulmane.

Le sud du Tchad, où Masra est particulièrement populaire, est aussi la zone la plus touchée par les conflits intercommunautaires liés à la compétition pour les terres agricoles et les pâturages, exacerbée par la raréfaction des ressources naturelles.

Selon l’ONG International Crisis Group, ces conflits agro-pastoraux ont causé plus de 1 000 morts et 2 000 blessés entre 2021 et 2024.

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