
À moins de deux mois des élections municipales du 10 juillet 2025, l’opposition togolaise semble plus divisée que jamais, révélant une fragilité structurelle qui menace toute tentative d’unité stratégique. Si la base militante appelle inlassablement à un rassemblement face au pouvoir en place, les prises de parole publiques de ses figures historiques exposent au grand jour les tensions internes.
Le samedi 17 mai 2025, lors d’une sortie publique, Jean-Pierre Fabre, président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), a jeté un pavé dans la mare. Pour lui, l’absence d’une stratégie commune est le premier obstacle à une alternance crédible :
« Le système RPT/UNIR prospère sur nos querelles », a-t-il dénoncé, dans une critique claire adressée à ses homologues de l’opposition.
Ce constat amer, partagé par nombre de militants, remet au centre du débat la responsabilité collective des partis d’opposition dans leurs échecs successifs à proposer une alternative cohérente.
Mais les mots de Jean-Pierre Fabre n’ont pas tardé à susciter une réaction virulente. Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais, a accusé l’ancien chef de file de l’opposition d’entretenir une vision réductrice et incomplète de la crise interne :
« Jean-Pierre Fabre, qui fut longtemps une figure centrale de la lutte, est aujourd’hui un frein. Ses choix contradictoires et son attachement aux intérêts partisans affaiblissent la cause commune », a-t-il lancé.
Pour Olympio, le problème dépasse de simples divergences. Il met en cause une incapacité à renouveler les cadres de l’opposition et à faire émerger une vision collective débarrassée des rivalités d’ego.
Le dialogue entre partis d’opposition, pourtant vital dans le contexte électoral actuel, est aujourd’hui paralysé par des logiques de personnalisation du leadership. Chaque camp semble préférer consolider son assise propre plutôt que de construire un front commun.
Et pourtant, la demande d’unité ne faiblit pas. Dans les quartiers, les réseaux militants et la société civile multiplient les appels à une plateforme unitaire face au parti au pouvoir. Mais sur le terrain politique, ces appels peinent à trouver un écho structuré.
À ce stade, l’opposition togolaise se trouve à la croisée des chemins : persister dans ses querelles intestines ou opérer un sursaut collectif, en rompant avec les schémas du passé. La fragmentation actuelle, si elle perdure, pourrait ouvrir un boulevard à UNIR, qui n’aura qu’à capitaliser sur l’éparpillement de ses adversaires pour s’imposer une nouvelle fois dans les urnes.
À moins d’un retournement spectaculaire, ces municipales pourraient confirmer une tendance déjà ancienne : l’impossibilité pour l’opposition togolaise de parler d’une seule voix, même face à un système qu’elle juge pourtant verrouillé.
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