
À Lomé, samedi 26 avril, le Togo a rendu hommage à quarante-deux figures méconnues de son indépendance. Une reconnaissance longtemps attendue pour ces acteurs de l’ombre.
AU cours de la conférence publique ayant consacrée l’évènement, l’émotion était palpable. Membres du gouvernement, autorités traditionnelles, militaires, universitaires et descendants d’illustres pionniers s’étaient donné rendez-vous pour un hommage historique : celui des héros longtemps restés anonymes de l’indépendance togolaise.
À l’initiative du professeur Kodjona Kadanga, assisté de trois autres chercheurs, cette cérémonie s’est voulue à la fois solennelle et scientifique. Fruit d’une enquête minutieuse, un recueil de 111 pages a été publié pour l’occasion, rassemblant les biographies de quarante-deux personnalités qui ont marqué, parfois au péril de leur vie, la marche du Togo vers la liberté en 1960.
Figures de courage
Parmi les récits présentés, celui de Mme Bayi Lucia Gada Sedode, épouse Gadegbekou, a particulièrement captivé l’auditoire. En mai 1957, alors que la quatrième mission de visite des Nations unies inspectait la situation du territoire togolais, cette militante du Comité de l’Unité Togolaise (CUT) réussit, déguisée en femme dérangée, à remettre discrètement un mémorandum réclamant l’abolition de la tutelle onusienne et une association plus étroite avec la France. Le document, remis à la délégation menée par Charles King, parvint jusqu’aux Nations unies à New York, faisant basculer les discussions sur l’avenir du Togo. Surnommée depuis « Bayi Ablodé » (« Maman de la Libération »), son nom reste associé aux avancées décisives du mouvement indépendantiste.
« Ce travail vient combler un vide dans notre mémoire collective », a souligné Pr Kadanga, insistant sur la nécessité de préserver ces parcours héroïques de l’oubli. Le chercheur a salué le soutien du chef de l’État, Faure Gnassingbé, « dont la volonté de renforcer l’unité nationale a permis la tenue de cette conférence ».
Reconnaissance tardive
En écho à cette reconnaissance, l’artiste togolaise Vaïda la Lionne, présente dans l’assistance, a exprimé son émotion : « Ces récits nous permettent de revivre l’histoire dans sa vérité et de transmettre aux jeunes générations le flambeau de la mémoire. »
À l’heure où le Togo cherche à écrire une histoire nationale apaisée, cette démarche de réhabilitation résonne comme un pas important vers une réconciliation durable, dans un pays où les mémoires de l’indépendance restent encore fragmentées.