L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) tente d’obtenir 60.000 tests de dépistage pour lutter contre la variole du singe sur le continent africain. L’agence onusienne collabore avec les autorités sanitaires nationales de la région pour renforcer la surveillance et le diagnostic en laboratoire afin de détecter les cas et surtout d’éviter une « propagation silencieuse » du virus de la maladie.
Si tous les pays africains disposent des appareils d’amplification en chaîne par polymérase nécessaires au dépistage du virus, grâce au renforcement des capacités des laboratoires à la suite de l’épidémie de Covid-19, beaucoup manquent de réactifs. Dans certains cas, se posent des défis de formation à la collecte, à la manipulation et au dépistage des échantillons.
En attendant, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU s’efforce d’obtenir 60.000 tests pour l’Afrique, dont environ 2.000 tests et réactifs seront expédiés aux pays à haut risque et 1.000 à ceux présentant un risque moindre.
« Il est essentiel que nous soutenions les efforts nationaux pour stimuler la surveillance et le diagnostic en laboratoire, qui sont les pierres angulaires de la lutte contre la maladie », a déclaré dans un communiqué, a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
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109 confirmés en laboratoire dans neuf pays
Au cours du mois dernier, cinq autres pays africains ont reçu des dons de réactifs de la part de partenaires, ce qui porte à 12 le nombre de pays de la région disposant d’une capacité renforcée de diagnostic de la variole du singe. Selon l’OMS, un autre groupe de pays d’Afrique de l’Ouest recevra des réactifs après avoir participé à une formation.
Le continent africain a signalé 1821 cas dans 13 pays, dont 109 confirmés en laboratoire dans neuf pays, selon un décompte établi par l’OMS le 28 juin 2022. Le nombre de cas confirmés représente 2% des plus de 4.500 cas confirmés dans le monde.
Cependant, il y a un grand nombre de cas suspects dans la région, dont 81% en République démocratique du Congo, ce qui souligne la nécessité de renforcer les capacités de diagnostic. « La propagation géographique de la variole du singe dans des régions d’Afrique où aucun cas n’avait jamais été détecté auparavant est un signe inquiétant », a ajouté la Dre Moeti.
En dehors des six pays d’Afrique ayant des antécédents de transmission humaine, la variole du singe a également été signalée dans trois pays qui n’avaient jamais connu de cas humains. Il s’agit du Ghana, du Maroc et de l’Afrique du Sud, qui a confirmé la maladie chez deux patients sans antécédents de voyage. Selon l’OMS, cela suggère la probabilité d’une forte possibilité de transmission locale.
Pour approfondir l’analyse des schémas de transmission de la variole du singe, l’OMS aide les pays à tirer parti de l’amélioration des capacités de séquençage génomique mises en place pendant la pandémie de Covid-19. Actuellement, sept pays peuvent séquencer le virus de la variole du singe.
L’OMS redoute une iniquité vaccinale comme au début de la vaccination anti-Covid
L’OMS dispose de rapports de l’Afrique du Sud et du Nigéria qui montrent que ces deux pays ont séquencé 300 échantillons depuis janvier 2022, y compris des échantillons provenant d’autres pays. C’est plus du double de tous les échantillons séquencés les années précédentes.
La plupart des échantillons séquencés provenaient du clade ouest-africain. Selon l’OMS, le séquençage effectué jusqu’à présent montre qu’il n’y a pas de lien récent entre ce qui circule en Europe et en Afrique.
Par ailleurs, de nombreuses années de recherche ont permis de mettre au point de nouveaux vaccins plus sûrs (de deuxième et troisième génération) contre la variole. Certains de ces sérums pourraient être utiles pour la variole du singe et dont l’un (MVA-BN) a été approuvé pour la prévention de la variole du singe. « Toutefois, les stocks sont limités », a alerté l’OMS.
Face à un éventuel risque d’iniquité vaccinale, l’OMS ne veut pas que la situation se répète, comme au tout début du déploiement du vaccin contre la Covid-19, « lorsque l’Afrique est restée sur la touche alors que d’autres pays s’arrachaient les stocks limités ». « Certains signes indiquent que c’est déjà le cas », a affirmé la Dre Moeti.
Compte tenu du nombre limité de vaccins et d’antiviraux, l’OMS ne recommande pas la vaccination de masse contre la variole du singe, mais plutôt une vaccination ciblée pour les personnes qui ont été exposées ou qui présentent un risque élevé, notamment les agents de santé, le personnel de laboratoire et les équipes d’intervention en cas d’épidémie.
« Le coup de projecteur mondial actuel sur la variole du singe devrait servir de catalyseur pour vaincre cette maladie une fois pour toutes en Afrique. Pour cela, nous savons que les vaccins sont un outil essentiel » a conclu la Cheffe du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.