
Mise en place pour prévenir et lutter contre la corruption et les infractions assimilées, HAPLUCIA s’éloigne de ses objectifs en voulant bien paraître que faire son travail.
Depuis son opérationnalisation, c’est le seul acte, unanimement apprécié par des togolais, même ceux qui ont douté dès le début de sa capacité à réussir son job. Mais, vendredi 28 août, cette image est vite ternie.
En effet, 22 jours après la publication d’une étude sur la Perception et le Coût de la Corruption au Togo (EPCCT), l’institution a fait volte-face pour « présenter des excuses » aux personnalités publiques qui « ont été affectées », mettant en cause le travail louable des médias. Plus loin, il est souligné que l’étude n’a porté que sur la petite corruption et la grande est difficile à quantifier. Et pourtant, la petite corruption reste le véritable fléau dans les pays.
Versements illicites sans trace
Selon ETICO, plateforme de ressources en ligne de l’IIPE-UNESCO consacrée à l’éthique et à la corruption dans l’éducation, la petite corruption, se définit comme tous «versements illicites » à une personne pour se sauver d’une situation.
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Un billet de 1 000 FCFA glissé à un policier parce qu’on est en infraction et qu’on ne veut pas ou on n’a pas le temps de payer une contravention. Une pièce de 500 FCFA donnée discrètement au vigile d’une banque pour être servi avant tout le monde parce qu’on ne peut pas attendre. Un billet de 2 000 FCFA tendu à l’infirmier d’un centre de santé public parce qu’on a besoin d’un certificat médical dans les plus brefs délais pour justifier une absence au bureau. Une bouteille de vin envoyée au maître d’école qui, reconnaissant, accordera une attention particulière à l’enfant de l’offrant … voilà autant d’exemples de petite corruption, difficiles à prouver mais, qui sont légions dans tous les pays, y compris le Togo. Et c’est ce que l’étude d’HAPLUCIA a révélé au grand jour en estimant à 10 milliards F Cfa, le montant de pot-de-vin versé par an au Togo.
Prise de conscience
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Alors qu’au lendemain de cette publication, les togolais s’attendaient à des actions d’intensification des sensibilisations et de réflexions autour des données pour définir de nouvelles méthodes de lutte et de répression, c’est plutôt, une excuse plate de l’institution commanditaire à laquelle ils ont assisté, les laissant désormais orphelins. Cette déconvenue couvre l’institution mise en place par une loi d’une honte.
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Cependant, il est encore possible de sauver les meubles. L’Etat pourra donner plus de moyens à HAPLUCIA, en procédant à une réforme profonde de son dispositif de lutte et de répression par une révision de la loi consacrant sa genèse. Tel un repère, le Togo pourra s’inspirer du Rwanda, du Ghana ou encore du Nigéria.