
Réunis à Lomé, les parlementaires ouest-africains veulent faire baisser le coût des billets d’avion en supprimant certaines taxes et en restructurant la gouvernance du transport aérien régional.
Après quatre jours de travaux à Lomé, les parlementaires de la Commission mixte « Infrastructures, Énergie et Mines / Agriculture, Environnement et Ressources Naturelles » du Parlement de la CEDEAO ont tranché : à compter du 1er janvier 2026, quatre taxes actuellement appliquées aux billets d’avion dans l’espace communautaire devraient être supprimées. L’annonce a été faite lors de la clôture de la réunion délocalisée organisée du 6 au 9 mai dans la capitale togolaise.
Parmi les taxes visées : la taxe sur les billets, la taxe touristique, la taxe de solidarité et la taxe sur les voyages à l’étranger. En plus de leur suppression, les parlementaires recommandent une réduction de 25 % des redevances sur les services aux passagers ainsi que des redevances de sécurité.
Cette mesure, jugée audacieuse, s’inscrit dans une stratégie plus large visant à faire du transport aérien un véritable vecteur d’intégration régionale. Le thème central des discussions, « Le transport aérien comme moyen d’intégration des peuples ouest-africains : stratégies de réduction des coûts des billets d’avion », a permis aux élus et aux experts du secteur de poser un diagnostic sévère sur la situation actuelle.
Un secteur miné par les surcoûts
« Nos travaux ont mis en lumière plusieurs facteurs qui contribuent à des coûts excessifs, notamment la fragmentation du marché aérien ouest-africain, les lourdes taxes et redevances aéroportuaires, ainsi que le manque d’infrastructures et de compagnies nationales viables », a résumé Mamadou Sako, président de séance lors de la cérémonie de clôture.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les prix des billets d’avion dans la CEDEAO sont en moyenne 103 % plus élevés que dans d’autres régions du monde. Les frais de sécurité y sont 70 % plus élevés, et les taxes gouvernementales 47,4 % au-dessus des standards internationaux. Résultat : les billets dans la sous-région sont en moyenne 20 % plus chers pour les vols domestiques, 48,6 % pour les vols régionaux, et 36,5 % pour les vols internationaux.
Vers une régulation commune
Les députés ouest-africains ne se sont pas contentés de dénoncer. Ils proposent également un arsenal de mesures complémentaires, parmi lesquelles :
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la mise en place d’un cadre réglementaire régional plafonnant les taxes et redevances aéroportuaires ;
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la création d’un fonds régional de soutien aux compagnies aériennes de la CEDEAO ;
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l’instauration d’un espace unique de transport aérien pour mutualiser les charges et améliorer la compétitivité du secteur.
Ils insistent également sur le respect des normes et procédures de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), et appellent à la création d’une plateforme régionale d’indemnisation des passagers en cas d’annulation, de refus d’embarquement ou de retard significatif.
Un comité parlementaire ad hoc devrait être mis en place pour assurer le suivi de ces engagements, notamment en ce qui concerne l’acte additionnel sur les politiques communes de taxation aérienne et l’amendement des règles d’indemnisation des passagers.
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Une volonté politique à concrétiser
Pour les élus de la CEDEAO, l’accessibilité des billets d’avion n’est pas une question de luxe, mais un enjeu stratégique pour le développement. « Les populations aspirent à un espace où voyager d’un pays à l’autre soit simple, abordable et efficace. Il nous revient, en tant que législateurs et décideurs, de faire en sorte que cette aspiration devienne réalité », a plaidé Mamadou Sako.
La balle est désormais dans le camp des chefs d’État et de gouvernement, auxquels les parlementaires adressent leurs recommandations. La suppression effective des taxes dès janvier 2026 sera un test décisif de leur volonté d’accélérer l’intégration régionale à travers un ciel ouest-africain plus ouvert, plus équitable… et moins cher.