Il y a soixante-quinze ans, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) était fondée avec pour objectif ambitieux « d’amener tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible ». La Constitution de l’OMS renforce cet objectif lorsqu’elle dispose que : « La santé de tous les peuples est une condition fondamentale de la paix du monde et de la sécurité ; elle dépend de la coopération la plus étroite des individus et des États. » Il est donc tout à fait judicieux que la Journée mondiale de la Santé de cette année soit célébrée sur le thème « La santé pour tous ».
Des réalisations importantes ont été accomplies par rapport aux aspirations des dirigeants qui ont créé l’OMS. La variole, qui, selon des estimations, a fait 300 millions de morts rien qu’au XXe siècle, a été éradiquée. Depuis 1974, des millions d’enfants ont reçu des vaccins d’importance vitale et bénéficié d’autres interventions axées sur leur survie. En 2020, la Région africaine de l’OMS a reçu la certification de l’éradication des poliovirus sauvages.
L’élargissement des services de santé essentiels et de la couverture des interventions essentielles a donné des résultats. Entre 2011 et 2021, le nombre de nouvelles infections par le VIH a diminué de 44 % dans la Région africaine de l’OMS et la mortalité liée au sida a baissé de 55 %. Le nombre de décès dus à la tuberculose a diminué de 26 % dans la Région entre 2015 et 2021. Simultanément, l’espérance de vie en bonne santé dans la Région africaine a augmenté de dix ans en moyenne par personne entre 2000 et 2019.
En septembre 2019, les dirigeants mondiaux ont approuvé la Déclaration politique de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la couverture sanitaire universelle, qui se trouve être l’accord international sur la santé le plus exhaustif de l’histoire.
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La couverture sanitaire universelle représente l’aspiration à ce que des services de santé de qualité soient fournis à tous et selon le besoin, sans pour autant entraîner des difficultés financières pour l’usager. La couverture sanitaire universelle est l’outil qui permet d’instaurer la santé pour tous. Au-delà de la santé et du bien-être, la couverture sanitaire universelle contribue également à l’inclusion sociale, à l’égalité des genres, à l’éradication de la pauvreté, à la croissance économique et à la dignité humaine.
Si la plupart des États Membres de la Région africaine ont intégré la réalisation de la couverture sanitaire universelle comme un objectif central de leurs stratégies nationales de santé, les progrès restent variés lorsqu’il s’agit de traduire ces progrès en des services équitables et de qualité et d’accroître la protection financière de la population.
La moitié des citoyens africains (48 %), soit quelque 672 millions de personnes, n’ont toujours pas accès aux soins de santé dont ils ont besoin. Cette situation résulte de la faiblesse des systèmes de santé, qui se caractérise par : l’inadéquation des infrastructures sanitaires ; la mauvaise conception des politiques destinées à limiter les obstacles financiers aux services de santé ; la pénurie de personnels de santé qualifiés ; et l’accès insuffisant à des médicaments, à des produits médicaux et à des technologies innovantes de qualité.
La pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), les situations d’urgence sanitaire et l’aggravation de la situation climatique influent négativement sur les efforts qui sont faits pour accélérer les progrès vers la couverture sanitaire universelle. Cette pandémie a largement perturbé la prestation des services essentiels. Les situations d’urgence sanitaire, dont bon nombre sont provoquées par le changement climatique, perturbent souvent l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement, augmentant ainsi le risque de maladies à transmission hydrique et vectorielle.
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Le renforcement des systèmes de santé fondés sur des soins de santé primaires solides est indispensable pour reconstruire en mieux et accélérer les progrès vers la couverture sanitaire universelle et la sécurité sanitaire. L’investissement financier dans les soins de santé primaires axé sur les blocs constitutifs des systèmes de santé, précisément sur les personnels de santé, sur les infrastructures sanitaires, sur les médicaments et sur les technologies sanitaires, devrait être soutenu et informé par des bases factuelles.
Des investissements supplémentaires destinés à améliorer la protection contre les risques financiers, la lutte contre les inégalités et le renforcement de la résilience des systèmes de santé nationaux après la COVID-19 s’avèrent essentiels si nous voulons mener à bien nos actions visant à accélérer les progrès vers la couverture sanitaire universelle dans la Région africaine.
Je tiens à exprimer ma reconnaissance aux gouvernements, aux partenaires de développement, à la société civile, aux milieux universitaires, au secteur privé et aux communautés pour leur engagement et pour leur contribution à la réalisation de notre effort collectif en faveur de la santé pour tous. Je suis fière d’avoir travaillé à vos côtés ces dernières années. Je me réjouis à la perspective d’une collaboration renouvelée et d’une détermination à faire encore plus de progrès dans les années à venir.
Au moment où nous nous rapprochons de l’échéance de la couverture sanitaire universelle fixée pour 2030, nous devons faire preuve d’innovation et relever les défis qui perdurent. J’encourage nos États Membres et l’ensemble des parties prenantes à jouer le rôle qui est dévolu aux uns et autres pour que l’engagement politique se traduise en des politiques, stratégies et plans reposant sur des bases factuelles. Ces politiques, stratégies et plans, à leur tour, doivent bénéficier de l’investissement dont ils ont besoin pour être mis en œuvre efficacement.
Renouvelons tous notre détermination, renforçons notre partenariat et faisons preuve d’innovation dans nos efforts pour progresser vers la « santé pour tous » en Afrique grâce à des services de santé plus solides qui offrent des soins holistiques centrés sur la personne à des communautés autonomisées et partie prenante des actions.
Joyeux 75e anniversaire à nous tous !
Message de la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique