
Le phénomène de la vente illicite des médicaments reste une réalité dans les pays africains surtout en Afrique subsaharienne, malgré la lutte sans merci lancée par les gouvernants. Récemment au Togo, c’est plus de cinq tonnes de faux médicaments qui ont été saisies par la Direction centrale de la police judiciaire en espace de trois jours. Le phénomène est mondial, 42 % des signalements proviennent d’Afrique subsaharienne, 21 % des Amériques et 21 % de la région européenne. Pour docteur Innocent Koundé Kpeto, président de l’Ordre des pharmaciens du Togo, « l ’Afrique subsaharienne concentre toutes les vulnérabilités qui vont favoriser les médicaments de qualité inférieure ou falsifiés : la faiblesse de la gouvernance des systèmes de santé, une offre de soins et un maillage des pharmacies sur le territoire insuffisants, l’existence d’un marché parallèle quasiment toléré et la pauvreté des populations ».
Intervenant chez nos confrères du journal le Monde, Dr Kpéto affirme que dans la rue, les médicaments s’achètent à moindre coût, à la carte pour un traitement ponctuel, à crédit, ou selon ses moyens. Ce qui n’est pas le cas dans les pharmacies où l’on ne vend pas au détail. « Même si, au final, le prix à l’unité ne revient pas plus cher en pharmacie, les gens préfèrent parfois payer une ou deux unités seulement », a-t-il souligné.
L’assurance maladie comme solution ?
C’est ce que semble indiquer Dr Innocent Kpéto. D’après ces explications, avant l’instauration d’une assurance maladie pour les fonctionnaires, les vendeurs de rue étaient installés devant toutes les grosses administrations de la capitale. Les étals ont migré ailleurs depuis que les fonctionnaires bénéficient d’une prise en charge à 80 % de leurs médicaments. L’avènement de la couverture santé universelle pourrait donc venir à bout de ce marché informel, mais ne suffira pas à mettre fin aux trafics. Car les médicaments de qualité inférieure ou falsifiés sont en effet aussi présents dans les circuits formels, lesquels ne sont suffisamment sécurisés et manquent de moyens pour en contrôler la qualité. Mais ce serait déjà un début.
Toutefois, avertit le patron de l’Ordre des pharmaciens du Togo, « On ne peut pas acheter son médicament chez n’importe qui ». Il faut que, ajoute-t-il, « nous prenions très au sérieux notre santé, l’Etat a organisé le parcours de soin de chaque patient, il y a des structures publiques ou privées autorisées par le ministre de la santé qui peuvent prendre en charge les patients ou dispenser des médicaments connus par l’autorité ».
Par ailleurs affirme le président de l’Ordre des Pharmaciens du Togo, « un médicament qui circule dans un pays doit avoir un visa d’entrée dans ce pays, il doit être analysé et faire l’objet d’un dossier examiné par des experts nationaux qui décident que ce médicament peut rentrer dans l’arsenal thérapeutique qui traite les patients de ce pays ». En attendant la fin de ce phénomène dangereux pour la santé humaine, les Togolais sont appelés à plus de vigilance et à se méfier de ces « poisons » présentés comme des médicaments.