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L’expertise des femmes dans les sciences est essentielle pour apporter des solutions aux changements (ONU)

A l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, les Nations Unies ont souligné que la voix et l’expertise des femmes et des filles dans les domaines de la science, de la technologie et de l’innovation (STI) étaient essentielles pour apporter des solutions aux changements qui bouleversent notre monde.

« Il nous faut d’urgence combler l’écart entre les hommes et les femmes dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM) et activement promouvoir l’égalité des genres dans les carrières liées à la science, à la technologie et à l’innovation », ont dit dans un communiqué conjoint les cheffes de l’UNESCO, Audrey Azoulay, et d’ONU-Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka.

Les deux responsables onusiennes ont noté que les compétences en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques sont le fondement des catégories d’emploi qui connaissent l’expansion la plus rapide.

Science, techniques, ingénierie, mathématiques : « Les femmes et les filles ont un rôle crucial à jouer dans tous ces domaines, et pourtant elles y sont tristement sous-représentées » António Guterres

« La science, la technique, l’ingénierie et les mathématiques sont des moteurs d’innovation qui revêtent une importance essentielle pour la réalisation des objectifs de développement durable. Les femmes et les filles ont un rôle crucial à jouer dans tous ces domaines, et pourtant elles y sont tristement sous-représentées », a renchéri le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un message.

Des études récentes montrent que l’évolution du marché du travail débouchera sur une création nette de 58 millions de nouveaux emplois, en particulier des analystes de données et des chercheurs, des spécialistes de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique, des concepteurs et analystes de logiciels et d’applications, ainsi que des spécialistes de la visualisation de données.

« Malheureusement, les femmes sont manifestement aujourd’hui confrontées à des difficultés dans des secteurs professionnels importants, telles que l’ingénierie, où les perspectives sont médiocres en termes de maintien, de promotion ou de réintégration après un congé de maternité », ont noté Audrey Azoulay et Phumzile Mlambo-Ngcuka.

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L’édition 2018 du Global Gender Gap Report du Forum économique mondial montre par exemple que seulement 22% des professionnels de l’intelligence artificielle dans le monde sont des femmes.

Combler l’écart entre les genres

ONU-Femmes et l’UNESCO s’efforcent, aux côtés de divers partenaires à travers le monde, de combler l’écart entre les genres dans les domaines des STEM et des technologies numériques.

ONU-Femmes s’y emploie notamment par le biais des Principes d’autonomisation des femmes. Ces principes donnent aux entreprises des orientations concrètes pour l’autonomisation des femmes en milieu professionnel, sur le marché du travail et au sein de la collectivité. ONU-Femmes invite toutes les entreprises qui souhaitent s’engager en faveur de l’égalité des genres et de l’autonomisation économique des femmes à approuver et mettre en œuvre ces principes.

Parce qu’il est primordial de remédier aux inégalités très tôt dans le système éducatif, l’UNESCO s’attache à susciter l’intérêt des jeunes filles pour les disciplines des STEM, à lutter contre les stéréotypes dans les programmes scolaires et à développer le mentorat féminin. En outre, l’Organisation encourage les femmes scientifiques à travers des initiatives telles que le programme L’ORÉAL-UNESCO pour les femmes et la science et l’Organisation des femmes scientifiques du monde en développement (OWSD), qui offrent aux chercheuses scientifiques du monde entier des possibilités de bourses, de mise en réseau et de mentorat. Enfin, le projet STEM et égalité des genres soutient l’intégration des questions d’égalité des genres dans les politiques, stratégies, législations et plans nationaux en mettant l’accent sur la collecte de données ventilées par sexe.

« Avec toutes ces initiatives, nous sommes résolus à favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de femmes et de filles de science afin de relever les grands défis de notre époque », ont déclaré les cheffes de l’UNESCO et d’ONU Femmes. « En mettant à profit la créativité et le sens de l’innovation de toutes les femmes et filles de science, et en investissant suffisamment dans des politiques inclusives en matière de STEM, de recherche et développement et de STI, nous avons une opportunité sans précédent de tirer parti de la ‘quatrième révolution industrielle’ pour le bien de la société ».

Selon le chef de l’ONU, António Guterres, « le monde n’est pas en position de se passer des contributions de la moitié de sa population ». « Il est de notre devoir de garantir que toutes les filles, partout dans le monde, puissent vivre leurs rêves, se réaliser et contribuer à l’avènement d’un monde meilleur pour tous et toutes », a-t-il conclu.

Le témoignage de W. Bernice Armelle Bancole : le rêve tant attendu

Je suis originaire du Bénin, un pays francophone d’Afrique occidentale. J’ai fait mes études de premier cycle et ma maîtrise au Bénin. Comme j’en ai fait l’expérience, il est très difficile pour les femmes béninoises de choisir la profession de scientifique. Choisir de devenir scientifique implique beaucoup de sacrifices. Toutes les barrières culturelles et les stigmates auxquels fait face la femme béninoise qui choisit cette profession pourraient vous empêcher de réaliser ce rêve.

Pour moi, l’Organisation des femmes scientifiques du monde en développement (OWSD) est apparue comme « le rêve tant attendu ». La bourse OWSD m’est arrivée au moment exact où j’étais sur le point d’abandonner mon rêve. Avec OWSD, mon rêve de faire mon doctorat dans une très bonne université, avec un superviseur de renommée mondiale et en particulier dans un environnement anglophone, sans aucun stress financier, est devenu une réalité.

Mes recherches portent sur une nouvelle approche de la lutte antiparasitaire qui permettra d’éradiquer la sur-utilisation des pesticides dans nos pays africains. J’utilise le champignon entomopathogène Beauveria bassiana comme méthode de lutte biologique pour lutter contre les foreurs de tiges (Chilo partellus Swinhoe et Sesamia calamistis Hampson) qui ont un impact économique important car ils touchent plusieurs cultures de céréales (sorgho, riz, maïs). Ils peuvent causer des pertes de 40 à 70% dans toutes les cultures de céréales, ce qui a un impact important sur la sécurité alimentaire en Afrique.

L’objectif principal de ma thèse était de trouver une souche de Beauveria bassiana pouvant vivre plus de 30 jours dans les tissus (racines, tiges et feuilles) des cultures en tant qu’endophyte et protéger ainsi les cultures contre les attaques des deux foreurs. À ce jour, j’ai découvert un certain nombre de souches endophytes qui vivent dans les tissus des deux plantes – notamment leurs tiges – pendant au moins 60 jours. J’ai réussi à isoler, à tester et à profiler de nouvelles souches de biocontrôle sur le sorgho et le riz susceptibles de contrôler les deux tiges de ces plantes céréalières.

À la fin de mon doctorat, l’un de mes rêves les plus importants consiste à ouvrir au Bénin une fondation pour l’éducation qui aidera les jeunes femmes de familles à faible revenu à poursuivre des études scientifiques jusqu’au doctorat. J’ai également lancé le processus de création d’une section nationale de l’OWSD au Bénin, car il n’en existe pas actuellement. Cela contribuera à sensibiliser davantage de jeunes étudiantes à l’existence de l’organisation et aidera celles qui souhaitent poursuivre leurs études en sciences à postuler à la bourse OWSD, comme je l’ai fait auparavant. Je serai toujours reconnaissante à chaque membre de l’OWSD pour ce qu’elles ont fait pour moi et pour beaucoup d’autres jeunes femmes africaines.

(Témoignage publié par l’UNESCO à partir d’une histoire de l’OWSD

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