
Le ministre congolais de la Justice, Constant Mutamba, est désormais dans le viseur de la justice qu’il dirige. Dimanche 16 juin, l’Assemblée nationale a autorisé les poursuites judiciaires à son encontre, à la demande du procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde.
L’affaire porte sur un présumé détournement de 19 millions de dollars sur les 39 millions alloués à la construction de la prison centrale de Kisangani, dans le nord-est du pays. Une accusation que Me Mutamba rejette catégoriquement, parlant de « complot politique ».
Interdiction de sortie de Kinshasa
Le même jour, le procureur Mvonde a saisi officiellement la Direction générale des migrations (DGM) pour interdire au ministre de quitter la ville de Kinshasa. Cette décision vise à garantir sa disponibilité pour les procédures judiciaires, alors qu’aucune date de procès n’est encore fixée.
Mutamba avait déjà été auditionné les 3 et 6 juin derniers, avant de récuser le procureur général, accusant ce dernier de « partialité ». Une requête rejetée, et qui a au contraire conduit le parquet à solliciter formellement l’autorisation parlementaire pour engager les poursuites.
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Reactions partagées
À Kinshasa, l’affaire suscite de nombreuses réactions. Des étudiants en droit y voient une « opportunité pédagogique » pour illustrer la responsabilité publique et les procédures judiciaires. D’autres y voient un dossier sensible à forte charge politique.
Le parti NOGEC, dirigé par Mutamba, dénonce un « acharnement politique », et soutient que son leader est victime d’un règlement de comptes. « Il s’agit d’un complot pour freiner ses réformes », a déclaré Jean-Claude Ngazwa, porte-parole du parti.
Vers un procès décisif ?
Pour Me Peter Ngomo, avocat au barreau de Kinshasa-Gombe, la prochaine étape sera la fixation de la date de l’audience par la Cour de cassation, sur requête du procureur. Le procès à venir s’annonce à haut risque pour Mutamba, encore présumé innocent en l’état.
Si les faits sont avérés, son mandat au ministère de la Justice pourrait en être durablement entaché. Des voix s’élèvent déjà pour exiger sa démission, afin de préserver l’intégrité des institutions.