
Face à la crise sanitaire sans précédent qui déstabilise l’économie mondiale et bouleverse la vie de milliards de personnes dans le monde, la mobilisation et la solidarité de tous sont une nécessité humaine et une priorité stratégique. Les efforts consentis par chaque pays, aussi importants soient-ils, ne suffiront pas face à un virus qui ne connaît ni frontières, ni nationalité, ni religion, ni origine ethnique.
Les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel ne sont pas épargnés par cette menace. Cette crise sanitaire vient s’ajouter aux nombreux défis, notamment de nature sécuritaire, qui affectent déjà le développement, la paix et la stabilité de cette région. Pour faire face à cette épreuve sans précédent, les gouvernements – soutenus par toutes les institutions publiques et privées – ont rapidement pris une série de mesures nécessaires pour protéger les populations et freiner les conséquences socio-économiques de la pandémie de COVID-19.
Multilatéralisme responsable
Les différentes initiatives entreprises par les partenaires régionaux et internationaux apportent de l’espoir à des millions de personnes en Afrique de l’Ouest, au Sahel et au-delà. Ils témoignent également de la nécessité d’un multilatéralisme responsable pour faire face à cette crise.
Au niveau international, les Nations Unies (ONU) ont lancé un plan mondial de réponse humanitaire coordonné de 2 milliards de dollars pour financer la lutte contre le COVID-19 dans les pays les plus pauvres du monde; et a appelé à l’annulation de la dette des pays africains. En outre, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lancé une campagne pour un cessez-le-feu mondial dans les zones de conflit afin de permettre au personnel médical et aux services hospitaliers de fournir l’assistance sanitaire nécessaire aux enfants et aux adultes infectés par le virus. L’ONU s’efforce également de mobiliser des partenaires tels que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque africaine de développement (BAD) pour faire face à la crise de manière coordonnée et efficace et pour trouver une issue.
Au niveau régional, les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO ont démontré leur détermination et leur volonté de tout mettre en œuvre pour protéger les citoyens et les résidents de la Communauté et conjuguer leurs efforts pour trouver une solution durable à la crise sanitaire. Lors de leur dernier sommet extraordinaire , ils ont décidé de mettre en œuvre un ensemble de mesures ambitieuses pour intensifier et coordonner leurs actions de lutte contre le COVID-19, élaborer un plan de lutte contre sa propagation et un plan de relance économique post-pandémique, pour soutenir les plus défavorisés les couches sociales, pour renforcer la coopération régionale dans la recherche et le partage d’expériences sur le virus et, enfin, pour exhorter les États membres à contribuer au Fonds continental de réponse contre le COVID-19 en Afrique.
Ils ont également décidé d’émettre des bons du Trésor et des obligations à long terme pour financer des besoins d’investissement critiques, pour soutenir le secteur privé et relancer les économies; fournir un soutien substantiel aux secteurs sociaux (outils d’apprentissage à distance, renforcement des systèmes et des installations de santé, accès facile à Internet, etc.), déployer à travers les banques centrales, des outils, des moyens et des liquidités importantes pour soutenir le secteur financier dans l’assistance aux le secteur privé, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME), et les institutions de microfinance pour soutenir le secteur informel; mobiliser des ressources supplémentaires auprès de la communauté internationale pour relever les défis économiques et sociaux auxquels sont confrontés les États Membres; à mettre en œuvre des mesures urgentes pour soutenir la production locale de biens de consommation, y compris les produits agricoles, réduisant ainsi la facture d’importation de ces marchandises; mettre en place un programme de soutien au secteur de la fabrication d’équipements pharmaceutiques et de protection de la santé, dont la production couvre à peine 20% des besoins de consommation actuels de la région.
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Inclusion et égalité
Toujours dans la région, la CEDEAO et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) sont des partenaires majeurs et solidaires des gouvernements et des populations dans leur lutte contre le COVID-19. À cet égard, ils ont également rappelé deux idées essentielles que le contexte de crise et d’urgence ne doit pas nous faire oublier.
La première est qu’il est essentiel que les réponses mises en œuvre par les gouvernements de la région prennent en compte le respect des droits humains, l’inclusion, l’égalité des sexes, la prévention de la violence à l’égard des femmes et la lutte contre la stigmatisation.
Le second concerne les élections. 2020 est une année d’élections. Après le Togo où des élections présidentielles ont été organisées en février dernier, cinq autres élections présidentielles devraient avoir lieu au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée et au Niger. Il est important que la décision de maintenir ou de reporter ces élections soit prise sur la base d’un consensus politique inclusif et en tenant compte des recommandations des experts médicaux.
La Commission de la CEDEAO et l’UNOWAS continueront de travailler ensemble pour aider la région à sortir de cette épreuve plus forte et plus unie.
Tribune Signée par Jean-Kassi Brou, président de la commission de la Cédéao et
Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial du SG de l’ONU en Afrique de l’ouest et au Sahel