
Des responsables d’associations membres de l’Eglise catholique ont dénoncé vendredi 21 août, dans un communiqué conjoint, l’espionnage dont ont été victimes l’archevêque de Kpalimé, président de la Conférence des évêques du Togo (CET), Monseigneur Benoît Alowonou et le directeur national de l’enseignement catholique, Père Marie Pierre Chanel Affognon. L’affaire révélée par les journaux Le monde et The Guardian constitue une « atteinte grave du vivre ensemble » selon les organisations, qui appellent l’Etat togolais à « restaurer la confiance qui doit régner » avec l’Eglise puis « entre le peuple de Dieu et les responsables politiques ».
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DÉCLARATION DES FIDELES LAÏCS CATHOLIQUES SUITE À L’ESPIONNAGE NUMÉRIQUE DE MGR BENOÎT ALOWONOU ET DU PÈRE PIERRE MARIE CHANEL AFFOGNON
Dans sa parution n°23507, du 04 août 2020, le quotidien français « Le Monde », publie sous le titre « Au Togo, des opposants ciblés par un logiciel espion », un article qui nous apprend que Monseigneur Benoit ALOWONOU, Président de la Conférence des Évêques du Togo (CET) et Évêque de Kpalimé, et le Père Marie Pierre Chanel AFFOGNON, Directeur national de l’enseignement catholique et Aumônier des Cadres catholiques du Togo, entre autres, ont été l’objet d’un espionnage par des moyens de renseignements destinés officiellement à la lutte contre le terrorisme et la grande criminalité.
Cette découverte a été possible grâce à une enquête menée par « Le Monde » et « The Guardian », et le prélat et le prêtre font partie d’un groupe de six Togolais à avoir été ciblés par le logiciel espion israélien très sophistiqué dénommé Pegasus. Combien de personnes ont réellement été espionnées ?
Cette affaire qui n’est révélée publiquement qu’en ce moment, avait déjà amené Facebook, propriétaire de WhatsApp, à porter plainte en octobre 2019 aux Etats-Unis contre NSO Group. La société israélienne, rachetée par le fonds d’investissement britannique Novalpina Capital quatre mois plus tôt, est accusée d’avoir permis l’espionnage d’au moins 1 400 utilisateurs de WhatsApp dans le monde.
Nos Pasteurs qui sont ainsi écoutés ont pour mission, la direction et l’accompagnement spirituels qui sont des échanges relevant du for-interne pouvant se faire aujourd’hui par les moyens de communications classiques de même que la confession sacramentelle qui elle, se fait par contact physique. Fort de cela, nous nous posons la question de savoir si ce qui relève de nos vies privées et spirituelles ne se retrouverait pas, par hasard, dans des mains d’individus qui seraient prêts à le balancer dans le domaine public afin de porter préjudice à son auteur ?
Nous, mouvements et associations catholiques signataires de ce communiqué, condamnons donc cet acte qui viole d’une manière flagrante les dispositions de la Constitution de la République togolaise, de la loi n° 2012-018 du 17 décembre 2012 sur les communications électroniques, de la loi n° 2019-014 du 29 octobre 2019 relative à la protection des données à caractère personnel et aussi le secret de la direction spirituelle telle que pratiquée et conçue par l’Eglise catholique.
Les mouvements et associations catholiques signataires de ce communiqué, soutiennent totalement les victimes de cette situation, particulièrement leur Père Évêque et le Père Aumônier ainsi que tout le clergé et il se réjouit du caractère prophétique de l’engagement de l’Eglise à dire publiquement la vérité et à promouvoir la justice sociale en fidélité avec évangile et sa Doctrine sociale. Nous les assurons de la prière de nos membres et de leur proximité filiale.
Nous demandons aux Autorités gouvernementales de communiquer sur cette situation afin d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur ce qui apparaît comme une atteinte grave du vivre ensemble afin de restaurer la confiance qui doit régner entre l’Eglise et l’Etat, entre le peuple de Dieu et les responsables politiques qui sont également membres de ce même peuple de Dieu.
Fait à Lomé, le 20 août 2020.