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Assassinat de Sankara : Blaise Compaoré condamné à la prison à vie

Blaise Compaoré, en exil depuis 2014 en Côte d’Ivoire, a été condamné mercredi 6 avril 2022 par contumace à la prison à perpétuité pour sa participation à l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara, tué avec douze de ses compagnons lors d’un coup d’État en 1987. Le tribunal militaire de Ouagadougou a également condamné à la perpétuité le commandant de sa garde Hyacinthe Kafando, en fuite depuis 2016, et le général Gilbert Diendéré, un des chefs de l’armée lors du putsch de 1987.

L’énoncé du verdict est intervenue au terme d’un long procès démarré en octobre dernier devant le tribunal militaire de Ouagadougou. Le jour de la première audience, le 11 octobre, douze des quatorze accusés étaient présents, dont le général Gilbert Diendéré, 61 ans, un des principaux chefs de l’armée lors du putsch de 1987. Tous doivent répondre des chefs d’inculpation suivants : « complicité d’assassinat », « assassinat », « recel de cadavres » et « attentat à la sûreté de l’État ».

Le principal accusé, l’ancien président Blaise Compaoré, porté au pouvoir par ce putsch et ami proche de Sankara, est absent, ses avocats ayant dénoncé « un simulacre de procès » devant « un tribunal d’exception ». Soupçonné d’être le commanditaire de l’assassinat de Sankara – ce qu’il a toujours nié -, il a été chassé du pouvoir en 2014 par la rue et vit depuis en Côte d’Ivoire. Le parquet militaire a requis 30 ans de prison contre lui.

Trente ans ont également été requis contre l’autre grand absent, l’adjudant-chef Hyacinthe Kafando, ancien commandant de la garde de Compaoré, en fuite depuis 2016 et soupçonné d’avoir mené le commando qui a assassiné Thomas Sankara et ses compagnons.

L’écrasante majorité des accusés présents plaide non coupable, dont le général Diendéré qui risque une peine de 20 ans de prison, durée de celle qu’il purge actuellement pour une tentative de coup d’État en 2015. Les prévenus racontent une tentative d’arrestation de Sankara qui a « mal tourné », à la suite de divergences avec Blaise Compaoré « sur la marche de la révolution« .

Complot international

D’anciens collaborateurs du président tué lèvent le voile sur les relations tendues entre Blaise Compaoré et Thomas Sankara et sur l’existence d’un « complot international » ourdi contre un leader progressiste qui voulait bouleverser l’ordre du monde et éradiquer la pauvreté dans son pays. « Le drame du 15 octobre 1987 est arrivé sous la pression de certains chefs d’État, tels que Félix Houphouët Boigny de la Côte d’Ivoire », témoigne Abdoul Salam Kaboré, ministre des Sports de Sankara.

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Le procès a été interrompu à plusieurs reprises à la suite du coup d’État du 24 janvier mené par le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba qui a renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré. L’une de ces interruptions a été motivée par un requête des avocats de la défense auprès du Conseil constitutionnel qui a investi Damiba le 16 février. Ils estiment qu’on ne peut pas condamner des accusés pour « attentat à la sûreté de l’État » alors que le coup d’État est en lui-même une telle atteinte. Une requête rejetée par le Conseil constitutionnel.

Avec AFP et Jeune Afrique

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