L’ancien Premier ministre tchadien, Succès Masra, a été interpellé ce vendredi matin à son domicile de N’Djamena par la police judiciaire, a confirmé le procureur de la République, Oumar Mahamat Kedelaye. Il est visé pour des faits présumés « d’incitation à la haine », a précisé le magistrat.
Selon un message publié sur la page Facebook officielle de son parti Les Transformateurs, l’interpellation est survenue à 5h56. Le communiqué évoque une « arrestation musclée » par des hommes en uniforme armés, sans autre précision. Une séquence vidéo issue de la vidéosurveillance du domicile montre l’opposant encadré par plusieurs éléments des forces de sécurité.
Le procureur Kedelaye, joint par l’AFP, a déclaré qu’un mandat d’amener avait été émis et exécuté « dans le cadre d’une procédure judiciaire régulière ». Une conférence de presse a ensuite permis de confirmer que l’ex-chef du gouvernement était poursuivi pour des propos tenus récemment, jugés de nature à « attiser la haine ».
Un opposant de plus en plus critique
Depuis son départ de la primature, Succès Masra multipliait les critiques à l’égard du président Mahamat Idriss Déby Itno. En avril, il l’accusait publiquement de s’éloigner de l’accord de Kinshasa, qui avait encadré la transition politique post-Déby père. Il dénonçait alors des « changements cosmétiques » et appelait à un « véritable changement voulu par le peuple ».
Des proches du pouvoir avaient fustigé ses déclarations, qualifiées de « provocatrices » et de « dangereuses » par certains membres de la majorité.
Succès Masra, 41 ans, économiste de formation passé par la France et le Cameroun, avait été nommé Premier ministre en janvier 2024, avant de se présenter à l’élection présidentielle de mai, finalement remportée par Mahamat Idriss Déby Itno avec plus de 60 % des suffrages. Ce scrutin avait officiellement mis fin à une transition ouverte en avril 2021, après la mort d’Idriss Déby Itno, tué au front.
L’arrestation de Masra intervient dans un contexte politique encore tendu, où l’espace accordé à l’opposition reste limité malgré les engagements initiaux du pouvoir.
aec RFI et AFP
