
A Sotouboua à 300 kilomètres de Lomé, Thérèse Bagaram porte sur elle, les produits de son travail. Tous ses habits sont issus de sa machine à tisser appelée, le Métier. Avec ses dix-sept années d’expériences, elle a décidé de se mettre il y a treize ans en groupement avec quatre camarades pour lancer l’Association des femmes Tisserandes de Sotouboua, (Afetisot).
« Nous avons été financés en 2012 par l’Ambassade des Etats Unis d’Amérique au Togo à hauteur d’un million cinq cent mille francs C Fa pour notre activité, raconte Thérèse, présidente de l’Association. Au début , on avait que deux métiers alors que nous étions cinq femmes regroupées ».
Pour ces femmes, l’idée de se constituer en Association tire son origine de l’adage « l’union fait la force ». « Face aux manques de moyens individuels, nous avons décidé de coaliser nos efforts pour parvenir à quelque chose de rentable ». D’ailleurs, souligne l’une d’elles, l’air joyeux, « c’est parce que, nous sommes constituées en Association, que nous avons pu postuler au programme Self-Help de l’Ambassade des Etats-Unis au Togo ».
-Début difficile-

Unanimement, les pionnières reconnaissent un début difficile pour l’Association. L’équation a été rude à résoudre : cinq personnes contre deux machines en plus d’un lieu de travail limité. « Nous n’avons que deux machines. Notre lieu de travail était aussi restreint, au même moment, nous n’avons pas les moyens pour pouvoir acheter les métiers et élargir notre espace, se remémore madame Thérèse, affirmant avoir eu écho du mécanisme de financement de l’Ambassade auprès d’une connaissance. « C’est un frère qui nous a aidés à monter notre dossier, et cela a été accepté. Des fonctionnaires de l’ambassade étaient venus nous visiter, ils ont vu là où nous étions, et s’ils se sont rendus compte que nous manquons effectivement de beaucoup de chose », affirme Pierrette, membre de l’Afetisot.
Les fonds débloqués ont servi à deux choses : l’achat de trois métiers et la recherche d’un local plus large. Ce qui « nous a permis d’avoir désormais des apprentis, qui se sont accrus à vingt-sept en 2019 », se réjouit la présidente.
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-Construire un centre de tisserand à Sotouboua-
La volonté est clairement affichée. Il reste à mobiliser les moyens pour concrétiser le projet. Selon la présidente, au-delà de la mutualisation des efforts, l’association souhaite aider les jeunes filles orphelines et démunies à travers un apprentissage du métier de tisserand. Et la construction d’un centre de formation devient une urgence. « Le groupe s’est débrouillé pour acheter un terrain, mais nous n’avons pas la force pour construire. On a besoin des appuis dans ce sens”, a lancé la présidente. Egalement, l’Association s’emploie à élargir son marché à d’autres pays de la sous-région pour augmenter sensiblement les recettes.
-Cotisations mensuelles-
Pour la trésorerie de l’Association, chaque membre cotise ou verse 20% de ses revenus mensuels. Les fonds permettent de secourir des membres en cas de difficulté et à financer des travaux de maintenance des machines. Les 80% constituent pour le membre son économie personnelle. « Actuellement c’est à base de mes économies que j’aide mon mari dans le foyer, les enfants quand ils tombent malades, je réponds sans recourir à mon mari. Et aussi, je surviens à mes propres besoins», s’exclame Madame Patawana.
Plus de 300 projets financés
Le programme Self-Help de l’Ambassadeur (SSH) est un programme d’assistance communautaire qui permet à l’Ambassade des Etats-Unis au Togo de financer les microprojets de développement provenant des communautés locales. Une attention particulière est accordée aux projets qui ont le potentiel de générer des revenus. Les projets couronnés de succès, ce sont des projets qui créent de l’emploi et produisent des compétences commercialisables (couture, élevage de bétail…), des projets d’acquisition d’équipements pour les écoles de formation technique ou les programmes de formation professionnelle. Tous les revenus générés par un projet devraient être déposés sur le compte de l’association afin de bénéficier à tous ses membres.
« Le montant maximal octroyé s’élève à 5.000 dollars. Toutefois, la plupart des subventions sont largement inférieures à ce montant. Les demandes dont le budget est petit sont encouragées et ont souvent une meilleure chance d’être sélectionnées pour financement » indique un document officiel de l’ambassade. Au Togo, 300 projets ont été financés ces dernières années par le fonds et ses programmes

Les femmes tisserandes et leurs apprentis
Papier actualisé
Par Yayra A.